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#105 - L'édito

N°105 - Novembre 2020

“La force du bassin Adour-Garonne se trouve dans sa solidarité ”

ANNE-MARIE LEVRAUT, PRÉSIDENTE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’AGENCE DE L’EAU ADOUR-GARONNE

Le vote récent pour le nouveau SDAGE a été un événement fort pour notre bassin. Il illustre la volonté des acteurs de l’eau, et de l’Agence en première ligne, d’adopter une politique proactive pour gérer la ressource à l’avenir. Désormais, des objectifs très précis seront fixés sur chaque territoire à enjeux, avec une incitation forte pour s’organiser localement, avec un pilotage de terrain engageant.

En tant que présidente du conseil d’administration de l’Agence j’ai pu mesurer au cours des dernières années, l’affirmation de cette exigence de gouvernance multi-acteurs. Depuis mon arrivée en 2014 à la tête de l’instance de décision de l’Agence, j’ai souhaité inciter l’expression de toutes ses composantes et veiller à la pluralité des débats. L’enjeu de l’appropriation collective de la politique de l’eau y est conditionné, et ce afin de favoriser l’acceptabilité des décisions et l’efficacité de leurs portées.

Au cours de mon mandat, j’ai pris pleinement conscience de l’extraordinaire diversité du bassin Adour-Garonne. Celui-ci concentre 117 000 km de rivières et 3 000 masses d’eau, deux grandes métropoles mais aussi des territoires très ruraux, parfois très pauvres (80% du bassin en ZRR), où travaillent 30% des agriculteurs français. Cette diversité justifie pleinement la solidarité interne du bassin. A l’occasion de la préparation du 11ème programme d’intervention, la demande nationale conduisant à une forte réduction des aides, a entraîné une mobilisation collective pour défendre avec succès l’exception « Adour-Garonne ». La solidarité nationale a alors joué, donnant au bassin des moyens presque à la hauteur de ses objectifs.

L’Agence a également dû évoluer rapidement en tant qu’établissement, dans un contexte d’évolution réglementaire et institutionnelle très marqué (Gemapi, création de l’AFB devenue OFB, grandes régions, mutualisation, etc.). La grande qualité des personnels qui la compose lui a permis de passer ces caps avec courage et détermination. L’agence a su faire la démonstration de son inventivité face aux défis : première agence à acter un partenariat avec la Banque des territoires pour le renouvellement des réseaux, première aussi à mettre en œuvre les PSE, paiements pour services environnementaux, qui reconnaissent les bonnes pratiques agricoles. Son action, et celle de tous les acteurs du bassin paye : la qualité des milieux aquatiques s’améliore.

Les enjeux à venir pour le bassin Adour-Garonne, sont stratégiques pour son avenir, notamment au niveau des effets du changement climatique, qui pose déjà la question du partage de l’eau et de la résilience des milieux. Alors que les besoins vont être d’abord territoriaux, la logique de défendre une gestion de la ressource à l’échelle du bassin doit plus que jamais s’exprimer. J’ai aussi eu l’occasion de mesurer le courage dont peuvent faire preuve les décideurs du bassin, comme ce fut le cas sur la conditionnalité des aides pour le petit cycle de l’eau, par la fixation d’un prix minimum de l’eau exigeant.

J’ai pleinement confiance en cette solidarité collective ancrée et dans le courage de tous les administrateurs pour prendre les décisions justes. C’est à cette condition que le bassin pourra relever les défis de meilleure gestion de sa ressource et travailler au bien commun.