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2ème volet du rapport du GIEC : les experts mettent l’accent sur l’adaptation

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En aout 2021, le premier volet du 6eme rapport d’évaluation du GIEC traitait des éléments scientifiques décrivant le dérèglement du climat. Fin février 2022, le second volet aborde les impacts, les vulnérabilités et les pistes d’adaptation. Le 3eme volet viendra compléter l’exercice au printemps 2022 en traitant des mesures à prendre d’urgence en termes d’atténuation du phénomène (réduction des gaz à effet de serre et séquestration de carbone).

lac asséché

Il est urgent et vital d'agir

Que faut-il retenir de ce rapport conséquent (270 auteurs principaux et 34 000 articles scientifiques analysés) ? Ce travail est un avertissement contre les conséquences de l’inaction et démontre qu’il est urgent et vital d’agir. Il alerte sur l’augmentation des vagues de chaleur, sur les sécheresses, sur leurs conséquences sur l’accès à l’eau, sur les risques d’inondations et de submersion marine ou encore sur les effets des modifications du climat sur la production agricole et donc la sécurité alimentaire mondiale.

Des impacts directs importants sur les populations présentes et futures

Actuellement 30% de la population mondiale est exposée à une chaleur présentant un risque mortel. A la fin du siècle, cette proportion pourrait atteindre 76%. «L’adaptation va se heurter à des limites dures s’il n’y a pas un engagement fort dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre » explique Wolfgang  Cramer, l’un des auteurs français de ce rapport.

Les écosystèmes et la biodiversité, une des « planches de salut », particulièrement fragilisée

Dans un monde à +2°C, 18% des espèces terrestres sont menacés d’extinction. L’une des nouveautés de ce rapport c’est d’expliciter les liens forts entre biodiversité et climat. Des menaces anthropiques s’ajoutent aux risques climatiques pour mettre en péril le rôle de la nature dans la préservation des équilibres climatiques comme le stockage de carbone par les forêts, les sols et les océans. Les chercheurs insistent pourtant sur les services écosystémiques que rend « gratuitement » la nature (solutions d’adaptation fondées sur la nature). A ce titre, un chapitre entier est dédié à l’agroécologie. Cependant, le GIEC estime que ces solutions ne seront pas suffisantes et qu’une réelle transformation de nos modes de vie est indispensable.

Des effets majeurs sur les ressources en eau et sur l’agriculture

Selon le rapport, même avec un réchauffement limité à 1,5°C (ce qui est désormais peu probable), 8% des terres agricoles mondiales ne seraient plus cultivables pour cause de sécheresse. Dans un monde plus chaud, non seulement il est difficile de cultiver mais en plus cela rend plus compliqué le transport et la conservation des denrées. Le GIEC alerte aussi sur les difficultés d’accès à l’eau. Déjà la moitié de la population mondiale a souffert de pénurie d’eau à un moment donné au cours de l’année passée, en partie du fait du changement climatique et d’évènements extrêmes comme les inondations ou les sécheresses.

Même si l’Europe ne sera pas la région la plus impactée, elle s’engage vers des difficultés importantes

Connaître les risques auxquels sont exposées les populations est indispensable pour proposer des solutions adaptées aux situations locales. En Europe, quatre risques principaux ont été identifiés : vague de chaleur, pertes de rendements agricoles, pénurie d’eau et inondations. Les effets les plus sévères toucheront les régions du sud de l’Europe, et si la température grimpe à +3°C, les risques climatiques seront tels que même une politique ambitieuse dans le domaine de l’adaptation ne suffira pas à contrer des effets irréversibles. Les grandes villes européennes sont particulièrement vulnérables : le risque de mortalité lors de vague de chaleur s’amplifie. En milieu rural, des pertes de rendements agricoles sont à prévoir pour la fin du siècle, en particulier dans le sud de l’Europe sans pouvoir être compensées par les éventuels meilleurs rendements dans le nord. La pénurie d’eau affecterait d’ailleurs un tiers de la population du sud de l’Europe à +2°C et les deux tiers à +3°C. Au-delà, le manque d’eau deviendra extrêmement aigu en villes, dans l’ouest, le centre et le sud de l’Europe. Enfin, en l’absence d’adaptation adéquate, les dégâts causés par les inondations côtières seront multipliés par dix d’ici la fin du siècle.

Mais la vulnérabilité au changement climatique la plus forte touche des territoires comme l’Arctique, l’Amérique centrale et du sud, l’Afrique, l’Asie ou les petites iles tropicales, pourtant peu responsables du dérèglement climatique, ce qui accentue, ce que les experts appellent, l’injustice climatique.

Changer notre modèle de développement pour plus de résilience

Les solutions vertes ne suffiront pas, les solutions technologiques et les infrastructures non plus ! Des choix de société plus profonds sont nécessaires pour assurer notre avenir. Les experts parlent de développement résilient au changement climatique et invitent à une véritable transformation de la société dans son ensemble. L’ajustement, voir la maladaptation nous font perdre un temps précieux. Même si les auteurs du rapport saluent la prise de conscience des risques climatiques, plus le temps passe et plus les possibilités d’adaptation se restreignent. C’est la première fois que le GIEC envisage la décroissance (au sens d’une baisse intentionnelle de l’indicateur que constitue le PIB). Ce nouveau rapport montre que s’adapter est possible pourvu que le réchauffement se stabilise à 1,5°C-2°C. « Chaque demi-degré compte, chaque année compte, chaque choix compte » martèle Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue française.

Et sur notre bassin…

Le comité de bassin Adour-Garonne vient d’adopter, le 10 mars 2022, son Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), qui fixe le cadre stratégique d’action pour les 6 prochaines années. Il s’agit d’un engagement fort pris pour faire face au défi du changement climatique, parce que ce document vise notamment :

  • La mise en place de démarches concertées avec tous les acteurs

  • Le développement d’une gestion quantitative intégrée de l’eau

  • La mise en avant des solutions fondées sur la nature au sein du mix de solutions

L’agence de l’eau Adour-Garonne contribue à l’enjeu majeur que constitue l’adaptation au changement climatique, puisque plus de 50% de son programme d’intervention y est dédié.

Des solutions existent et l’agence facilite leur mise en œuvre sur les territoires du bassin. Les solutions fondées sur la Nature et l’agroécologie, citées par le GIEC, sont mises en avant par l’Agence