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Bassin Adour-Garonne

Réutiliser l'eau, l'une des solutions à explorer

#129

Le 6 février dernier, l’Agence organisait une journée technique sur la réutilisation des eaux non-conventionnelles (RENC). Avec plus de 400 participants, cette journée de référence a permis de faire le point sur les perspectives de développement de la réutilisation des eaux dans notre bassin.

Nos questions à Lucile GREMY, Directrice des interventions et de l’expertise de l’Agence, sur les enjeux de la RENC dans le grand Sud-Ouest.

La réutilisation des eaux non conventionnelles, pourquoi avoir mis en avant ce sujet aujourd’hui ?

Cette journée, dans le prolongement de la dynamique nationale portait une ambition claire : favoriser l’émergence de nouveaux projets de recours aux eaux non conventionnelles dans le grand Sud-Ouest.

Face au déséquilibre croissant entre les besoins et les ressources en eau disponibles dans notre bassin, la réutilisation de l’eau apparait spontanément comme une des solutions à explorer. Réutiliser l’eau, c’est permettre de réduire les pressions sur les milieux aquatiques à la fois sur le plan quantitatif et sur le plan qualitatif tout en satisfaisant des usages qui pourraient être contraints voire restreints. La RENC c’est permettre à chaque goutte d’eau prélevée d’être mobilisée pour plusieurs usages avant de retourner au milieu naturel.   

Pour autant, ce n’est pas une solution miracle et ce n’est pas une solution partout. Elle doit aussi s’inscrire dans une plus grande sobriété des usages et une plus grande efficience dans notre exploitation de la ressource naturelle. Elle trouve sa place au sein d’un mix de solutions pour l’adaptation de notre bassin au changement climatique, faisant appel aux économies d’eau, aux solutions fondées sur la nature, à l’optimisation des réserves...

Le Plan eau, lancé en mars 2023, vient soutenir les actions déjà initiées avec l’objectif de déployer 1000 nouveaux projets à l’échelle nationale, ce que l’on traduit en environ 200 projets dans le grand Sud-Ouest. Dans les suites de ces annonces gouvernementales, le cadre juridique et les démarches administratives sont en cours d’évolution et vont faciliter le montage de ces projets. C’est donc le bon moment pour agir.
 

Le recours aux eaux non conventionnelles est encore peu développé en France comme dans le bassin. Quels freins nous ont conduits à cette situation et que pouvons-nous faire ?

Effectivement, à l’heure actuelle, on parle de 0,3 % d’eaux usées traitées réutilisées au niveau national comme sur le bassin Adour-Garonne. Dans le grand Sud-Ouest, ces 0,3 % correspondent à 30 projets et un peu plus de 3 millions de m3 réutilisés. C’est très peu lorsqu’on compare ce chiffre à celui d’autres pays comme l’Espagne qui est déjà à près de 14 % de réutilisation des eaux.

L’enjeu pour le bassin d’ici 2030 est de parvenir à 2 % de réutilisation des eaux usées traitées et des eaux pluviales. Et cet objectif 2030 n’est qu’une première étape dans le développement du recours aux eaux non-conventionnelles, qui vise 60 Mm3 dans la stratégie du Comité de bassin.

Le cadre réglementaire des différents usages de ces eaux est en cours d’évolution. Les analyses techniques, environnementales, économiques et l’acceptation sociale sont plus que nécessaires pour s’assurer que ces projets, nouveaux et complexes, sont appropriés et pertinents. La mobilisation de tous les acteurs est la pierre angulaire de l’amplification recherchée.

Cette journée technique a permis de rassembler les différents acteurs, d’informer et d'illustrer avec de nombreux retours d’expérience sur les différents usages de ces eaux dans les secteurs industriel, agricole ou au sein des collectivités . Elle a permis de montrer comment ces projets ont pu réussir et de dresser un panorama des facteurs clés du succès de ces opérations. 

Vous parlez de facteurs clés de succès. Quels sont-ils ?

Encore une fois, le recours à des eaux non-conventionnelles ne constitue pas une solution miracle. 

Elle nécessite une analyse au cas par cas et une vision intégrée des enjeux à l’échelle du territoire concerné. Un temps de construction et d’appropriation de toutes les parties prenantes est nécessaire et des analyses poussées d’opportunité et de faisabilité doivent permettre de prendre en compte les enjeux réglementaires, environnementaux, techniques, sanitaires, économiques, de gouvernance... Bien entendu, il y a aussi un travail essentiel à mener sur l’acceptabilité sociale.

Cette journée a ouvert un espace d’échanges entre tous les acteurs et constitue un pas de plus dans l’émergence de savoir-faire et d’une culture commune sur ce type de solution. Nous espérons qu’elle sera une source d’inspiration pour tous et particulièrement pour les décideurs que l'Agence pourra accompagner dans toutes les phases de leurs projets.

Pour aller plus loin - consulter les replays et support de la journée RENC

Découvrir ou redécouvrir les retours d'expériences de projets accompagnés sur les territoires, la réglementation et les perspectives et stratégies de développement de la réutilisation des eaux usées traitées .

Consultez les supports et les replays de la journée RENC du 6 février 2024.