Interview Elodie Galko, Directrice Générale, agence de l'eau Adour-Garonne
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3 questions à Élodie Galko, Directrice générale de l'agence de l'eau Adour-Garonne, depuis le 1er octobre 2024.

Vous avez pris la direction de l'Agence de l'eau Adour-Garonne le 1er octobre dernier. En quoi est-ce une nouvelle étape marquante dans votre parcours ?
C’est pour moi un réel plaisir de rejoindre les équipes de l’Agence et la communauté des acteurs de l’eau du grand Sud-Ouest afin de contribuer à relever le défi de l’adaptation de notre bassin.
Il y a encore moins d’un mois, j’étais Directrice-adjointe du cabinet de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Tout au long de l’année écoulée, nous nous sommes efforcés de mettre en œuvre le Plan eau, premier sujet et principal moteur de la planification écologique nationale.
C’est dans la continuité de cette action que s’inscrit ma prise de fonction aujourd’hui, mais elle s’ancre également dans un intérêt plus personnel et plus ancien. J’ai découvert la question de l’environnement et celle de l’adaptation au changement climatique, très tôt, par le biais de mes études en mathématiques et en économie, un prisme original d’où est né un véritable intérêt pour ces sujets.
Vous êtes originaire du Sud-Ouest, quels enjeux identifiez-vous sur le bassin ? Quels seront vos premiers dossiers ?
Toulousaine d’adoption, je suis profondément attachée à cette grande région.
En matière d’hydrologie, les études convergent vers un constat unanime : le grand Sud-Ouest sera l’un des hotspots du dérèglement climatique en France. L’adaptation de notre bassin est le défi des années à venir et il nous faut agir dès maintenant.
Mais nous ne sommes pas face à une page blanche, les solutions sont déjà bien identifiées grâce à l’engagement précoce des instances de bassin sur ces sujets. Dès 2018 avec l’adoption du plan d’adaptation au changement climatique, notre bassin se dotait d’une stratégie pour faire face aux effets du dérèglement climatique.
Avec l’adoption de son 12e programme d’intervention, il y a quelques jours, une nouvelle étape vient d’être franchie. L’Agence s’est dotée des capacités à accompagner les porteurs de projets dans leur chemin de transition, au travers de la mobilisation conjointe de son expertise et de modalités incitatives.
C’est dans la décennie à venir que les investissements d’adaptation auront le plus d’impact et l’Agence se tient au rendez-vous de ce défi.
Concrètement ce programme va permettre de mobiliser près de de 2 milliards d’euros sur 6 ans pour accompagner et amplifier l’adaptation au changement climatique et l'évolution de nos cadres de vie : intensifier le recours aux solutions fondées sur la nature, accélérer la transition agroécologique, développer le stockage multi-usage de l’eau dans le cadre d’une gestion publique de la ressource, augmenter les capacités de soutien d’étiage…
Les diagnostics des vulnérabilités des sous-bassins vont être actualisés dans les tous prochains mois, à partir de l’étude Explore 2, des futurs de l’eau, publiée par l’INRAE au printemps dernier. Ils seront un outil d’impulsion et d’aide à la décision pour permettre aux acteurs dans les territoires de se projeter et de s’engager dans des stratégies adaptées à leurs spécificités. Nous sommes très attachés à laisser la voix aux acteurs locaux dans le cadre d’une approche qui unit l’eau et les enjeux économiques et sociaux à la bonne échelle.
Avez-vous un premier rapport d’étonnement à nous partager ?
Je suis actuellement dans une phase de rencontre et d’échanges avec les parties prenantes du bassin qui gravitent autour des sujets de l’eau : préfets, élus, industriels, agriculteurs, associations d’usagers... Je suis frappée par l’engament de chacun, la richesse des échanges, des propositions et la capacité à faire émerger des débats, le consensus.
Je pense notamment au comité de bassin du 10 octobre dernier et à son choix d’adosser le
12e programme à un pacte de confiance. Il nous offre un cadre politique porteur de valeurs et d’engagements réciproques pour toute la durée de la mise en œuvre du 12e programme.
C’est à la fois très innovant et témoigne d’une grande maturité dans le dialogue.