Bassin Adour-Garonne
À la fin du XXIe siècle, les modèles convergent vers une diminution de la ressource annuelle en eau sur tout le Sud-Ouest.
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Hydrologue, directeur de recherche au département Aqua de l’INRAE, Membre du Conseil scientifique du Comité de bassin Adour-Garonne. Éric Sauquet est à l’origine du projet Explore 2. A l'occasion du dernier Mag de l'eau, il revient sur les objectifs et les enjeux liés à ce programme de recherche qui donne des clés pour l’adaptation de la gestion de l’eau.
En quoi consiste concrètement Explore 2 ?
Explore 2 s’inscrit dans la lignée d’une première étude, Explore 2070, datant de 2012. Explore 2 élabore des projections mises à jour sur l’impact du changement climatique tout en travaillant à une échelle beaucoup plus fine, à l’échelle de petits bassins-versants. Nous avons modélisé plus de 4 000 points de simulation, répartis uniformément sur l’ensemble du territoire, avec des indicateurs sur l’évolution des précipitations, des températures, des étiages, des crues… L’idée d’Explore 2 est de projeter et donc d’anticiper des futurs de l’eau pour permettre aux acteurs d’adapter leurs stratégies de gestion de l’eau.
Que dit Explore 2 sur l’évolution du bassin Adour-Garonne ?
C’est un bassin qui fait partie des hotspots, ces territoires qui vont être plus particulièrement touchés par le changement climatique. À la fin du XXIe siècle, les modèles convergent vers une diminution de la ressource annuelle en eau sur tout le Sud-Ouest. En été, l’impact va être considérable, avec un étiage, c’est-à-dire un débit en période estivale, fortement à la baisse. Autre élément marquant, on peut s’attendre à une réduction drastique des précipitations sous forme de neige, ce qui va particulièrement impacter la moyenne montagne pyrénéenne.
Explore 2 permet-il de montrer du doigt la réalité du changement climatique ?
Explore 2 nous met sous les yeux ce qui peut nous arriver de pire si on ne fait rien en matière d’atténuation, donc si on est dans un contexte de fortes émissions de gaz à effet de serre. On peut espérer que les acteurs du territoire vont s’en saisir pour se préparer au mieux et engager des discussions entre les usagers afin d’éviter des conflits autour de l’eau. Les résultats d’Explore 2 forment une matière à partir de laquelle on peut imaginer des futurs partagés et anticiper au mieux la gestion de l’eau. Nous sommes dans un monde en transition d’un point de vue climatique, et la gestion de l’eau s’en ressent.
Quel regard portez-vous sur l’initiative menée par l’agence de l’eau Adour-Garonne ?
Le bassin Adour-Garonne, comme le bassin Méditerranée- Corse, est particulièrement sensible au changement climatique. Nous sommes aux côtés des agences de l’eau, et nous avons tout intérêt à apporter notre expertise. À l’INRAE, nous faisons tout pour faciliter la prise en compte des données et la compréhension des résultats. En revanche, la prospective, c’est-à-dire ce qu’on veut faire du territoire en termes de trajectoire socio-économique, reste du ressort des acteurs locaux, avec un enjeu, celui de déterminer si les demandes en eau qui découlent du projet de territoire sont réalistes. Ce sont là des bases de discussion à engager au niveau des territoires et avec les usagers. Les agences de l’eau ont des outils qui le permettent et sont là pour engager, accompagner ces réflexions collectives autour de la gestion de l’eau de demain.
Temp'O le mag' de l'eau - Comment accélérer l'adaptation ?
Si les études sur les impacts du réchauffement climatique se multiplient, la dernière en date EXPLORE 2, menée par l’INRAE, démontre que les ressources en eau à terme seront inégalement réparties sur le territoire.
Alors comment s’adapter ensemble aux changements ?
Comment créer un sursaut de mobilisation ?
Des réponses dans le nouvel épisode de « Temp’O », le mag de l’eau du Grand Sud-Ouest, dans lequel nous tenterons de comprendre les leviers pour mettre en œuvre les solutions d’adaptation, aux côtés de Vincent Marquet, sociologue, expert recherche et prospective à l'agence de l’eau Adour-Garonne, Sylvie Cassou-Schotte, vice-présidente de Bordeaux Métropole, en charge de l’eau et de l’assainissement, ou encore Véronique Mabrut, directrice de la délégation Adour et Côtiers à l’agence de l’eau Adour-Garonne.