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"Face aux enjeux d'avenir pour l'eau, nos solutions sont bien identifiées"

#119

Edito d'Aude Witten, Directrice générale adjointe - Agence de l'eau Adour Garonne

L’année 2022 marque un tournant dans notre rapport à l’eau. Chacun à son échelle a pris conscience au cours de ces derniers mois, que « l’eau ne coule pas toujours de source » : restrictions d’usage, difficultés d’approvisionnement, assecs des cours d’eau, citernages…  Dans un contexte inédit, la coordination entre les gestionnaires hydroélectriques, les services de l’Etat et les collectivités a évité des ruptures majeures d’alimentation dans notre bassin.

Pour autant, serions-nous en capacité de faire face à plusieurs étiages successifs de l’intensité de celui de 2022 ?

Il est encore possible d’agir. Nous sommes en capacité d’amortir le choc du changement climatique, mais il va falloir gérer l’eau autrement, et cela va nécessiter des choix et des investissements à décider dès maintenant et assurer pour les dix prochaines années.

C’est tout l’esprit des décisions prises par le Comité de bassin le 8 décembre dernier, qui a adopté un plan massif d’investissements pour l’eau dans nos territoires, qui nous permettra de rendre notre bassin plus résilient aux prochaines crises, mais aussi à moyen et long terme.

L’eau est la première thématique de la planification écologique lancée par le Gouvernement. Un symbole qui conforte encore, si besoin était, l’importance du sujet dans un contexte de dérèglement climatique.

Le comité de bassin, dès septembre 2021, avait pris la mesure des enjeux pour notre bassin, par l’adoption du Plan stratégique de retour à l’équilibre 2021-2027, qui a permis d’identifier les grands leviers de transition. Aujourd’hui, leur mise en œuvre se concrétise avec l’adoption, le 8 décembre dernier, des programmes d’action des huit Établissements publics territoriaux de bassin (EPTB) en comité de bassin.

Ainsi, entre 2023 et 2024, ce sont 120 millions d’euros de travaux qui vont être engagés sur les sous-bassins (Adour, Charente, Dordogne, Garonne, Gironde, Lot, Tarn-Aveyron ainsi que les Nappes Profondes) pour limiter et adapter les territoires aux changements climatiques.

Les projections des effets du changement climatique nous annoncent un risque de déficit de 1,2 milliards de m3 en 2050 à l’étiage, contre 250 millions de m3 aujourd’hui. L’application des actions prévues dans les 8 sous-bassins et à l’échelle du grand bassin nous permettront de garantir jusqu’à 850 millions de m3 d’économies, réduisant ainsi de 2/3 le déficit attendu. Cette intensification de nos investissements supposera une augmentation de l’accompagnement financier de l’Agence de l’eau de plus 80 millions d’euros par an pendant 10 ans, ce qui suppose de nouvelles marges financières que le comité de bassin a demandé au Gouvernement dans sa proposition.

Face aux enjeux d’avenir pour l’eau, nos solutions sont bien identifiées : ambition dans l’action et sobriété dans les usages. L’exercice de planification n’est cependant qu’une première impulsion. L’aboutissement de notre capacité collective de résilience suppose que le changement climatique soit intégré dans les choix d’aménagement et de développement du bassin dès l’amont, et accompagné d’une accélération et d’une massification des transitions écologiques territoriales, pour protéger l’avenir de ce bien vital qu’est l’eau. Nous en prenons le chemin avec la dynamique forte lancée par les collectivités organisées à l’échelle hydrographique : l’agence de l’eau accompagnera et soutiendra ce mouvement.