Liens de partage

Edito d'Alain Rousset, Président du Comité de bassin

#125

Le Comité de bassin du 11 octobre dernier a marqué un tournant majeur dans la politique de l’eau du Grand Sud-Ouest. Lors de cette séance, l’assemblée a adopté à une large majorité une nouvelle stratégie financière d’adaptation au changement climatique. Elle représentera jusqu’à 100 M€ d’investissements annuels supplémentaires pour toute la durée du 12e programme (2025-2030). Une première marche à 60 M d’€ vient également d’être votée avec application dans les taux de redevance de l’Agence, dès 2024.

C’est un acte fondateur qui vient d’être posé par notre bassin dans la lutte contre les effets du réchauffement climatique, auquel il est très exposé. La prise de conscience est désormais générale. L’année 2022 a constitué un choc sans précédent en termes de rigueur de la sécheresse. L’étiage 2023, même s’il a été atténué par les précipitations de juin, n’est pas terminé et reste sous haute surveillance. A l’échelle du globe, l’année 2023 bat tous les records en nombre de phénomènes extrêmes.
Le Comité de bassin n’a pas attendu ces épisodes extrêmes pour se saisir de l’enjeu du changement climatique. Dès 2018, notre bassin a adopté un Plan d’Adaptation (PACC) qui posait un diagnostic clair : le risque du creusement de notre déficit hydrique à hauteur de 1,2 milliards de m3 si rien n’était fait.

A l’heure où je m’adresse à vous, les scientifiques nous disent 3 choses. 
Tout d’abord, le changement climatique est déjà là. Il est mesuré à l’échelle nationale et sur le bassin (augmentation des températures moyennes, baisse des débits). 
Ensuite, un scénario à +4°C, pour la France, en 2100, est désormais considéré comme médian, alors que nos projections se basent sur une augmentation de +2°C. En d’autres termes, notre risque de déficit pourrait arriver bien plus tôt qu’en 2050. Le changement climatique s’accélère.
Enfin, à toutes les échelles, la décennie 2020-2030 est absolument décisive pour l’atténuation comme pour l’adaptation. C’est maintenant qu’il faut agir.

Dès ma prise de fonction au sein du Comité de bassin en 2021, j’ai souhaité orienter ma présidence vers une logique d’action. C’est ainsi que nous avons appelé l’ensemble des collectivités à accélérer leurs montages de projets d’adaptation au changement climatique, avec deux objectifs : reconquérir la qualité de l’eau et sécuriser les usages en quantité. 

Aujourd’hui, les résultats sont là. Le nombre d’opérations soutenues a augmenté de +20% par rapport à l’année dernière à la même époque et a créé un besoin d’investissements excédentaires de plus de 32 millions d’€. En 2023, les prévisions nous indiquent des opérations supplémentaires évaluées à plus de 100 M d’€. Cette dynamique de projets ne se tarira pas. Les collectivités et décideurs sont au rendez-vous de la transition.

Face à ces besoins accrus, le Comité de bassin a, lui aussi, pris toutes ses responsabilités. Le Plan eau a eu un effet levier ouvrant la voie à une refonte de la fiscalité de l’eau. Sécurisés par un Pacte de confiance qui nous assure de la réciprocité entre engagements du bassin et engagement de l’Etat, nous avons pu nous doter d’une stratégie fiscale ambitieuse et bénéficier de nouvelles recettes. Dans ce vote et en jouant pleinement notre rôle de parlement de l’eau, nous avons veillé à ce que la trajectoire financière adoptée soit soutenable par tous et équitable pour tous. Elle permet ainsi un rééquilibrage des contributions de chaque catégorie d’usagers à la redevance prélèvement. 
L’action a un coût que nous assumerons aujourd’hui car les coûts de l’inaction seraient bien plus écrasants.