Bassin Adour-Garonne
Eau et agriculture : 3 questions à Lucile Grémy
#136
Le grand Sud-Ouest est une terre agricole, lors de l’événement Agri Agro Pro 2024, en début de mois, Lucile Grémy, Directrice des interventions à l’Agence de l’eau du Grand Sud-Ouest, était invitée à échanger sur les défis qui lient l'eau et l'agriculture dans notre bassin.

Quel sont les principaux défis qui lient l’eau et l’agriculture sur notre bassin ?
Le principal défi auquel nous sommes confrontés réside dans la bonne gestion de la qualité et de la quantité d’eau, face aux effets combinés du changement climatique et de la croissance démographique.
Le bassin Adour-Garonne, en particulier, sera lourdement impacté par ces évolutions.
Les prévisions hydro-climatiques sont préoccupantes : les débits des rivières pourraient être réduits de moitié en été. Le régime de précipitations sera transformé. À cela s’ajoutent des étés de plus en plus chauds, marqués par une augmentation des températures et une évaporation accrue. Les ressources en eau souterraines seront-elles aussi affectées par un manque de recharge.
A cette question de la quantité d’eau disponible s’ajoute l’enjeu fondamental de sa qualité. Elle est essentielle au bon fonctionnement des milieux et au maintien des ressources utilisées pour l’eau potable, qui sont déjà fragilisées.
Les filières agricoles doivent dans ce contexte pouvoir continuer à développer une agriculture performante sur le plan de la production alimentaire, sur le plan économique pour les agriculteurs et sur le plan environnemental, en s’adaptant à ces nouvelles conditions.
Pour relever le défi de l’adaptation au changement climatique, quelles sont les principales mesures prises par l’agence de l’eau ?
L’agence de l’eau vient de valider son 12ᵉ programme d’intervention 2025-2030. Les mesures et aides qu’il propose sont des leviers pour atteindre les objectifs de la politique de l’eau et du “Plan Eau” validé par le gouvernement l’an dernier. Elles viennent accompagner et renforcer les engagements pris dans le cadre du “Pacte pour la transition agroécologique et des territoires pour l’eau du Grand Sud-Ouest”, signé en 2022. Cet accord lie l’agence de l’eau, les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, l’État, les chambres d’agriculture, la coopération agricole des 2 régions et l’INRAE dans une dynamique de transition nécessaire pour répondre aux besoins des filières agricoles.
Ce 12ᵉ programme marque une véritable rupture dans la manière d’aborder le changement climatique, qui devient désormais un critère central d’éligibilité aux aides de l’Agence de l’eau. Il ouvre aussi la voie à une mobilisation inédite en faveur de la gestion quantitative de la ressource en eau et du soutien aux filières agricoles.
Parmi les 72 millions d’euros d’aides annuelles supplémentaires allouées par rapport au programme précédent, 31 millions sont spécifiquement dédiés au secteur agricole. Ces fonds permettront d’accompagner les agriculteurs à la fois individuellement et collectivement. Ils permettront le développement des filières agricoles à faible impact environnemental, la mise en œuvre de projets multiusages, alliant la réutilisation des eaux usées et l’irrigation par exemple ou d’intensifier les projets de protection des captages des collectivités en lien avec la profession agricole.
Ce programme est l’expression d’une volonté claire de soutenir le secteur agricole dans sa mutation pour une plus grande résilience face au changement climatique.
Quel message prioritaire souhaitez-vous transmettre aux professionnels du monde agricole ?
Engagez-vous ! L’agence de l’Eau est à vos côtés. Le 12ᵉ programme de l’Agence de l’Eau dispose vraiment de moyens supplémentaires pour accompagner la profession agricole. Avec un budget annuel moyen de 332 millions d’euros d’aides nous sommes prêts à répondre aux besoins des maîtres d’ouvrages et notamment des agriculteurs dans leurs projets de transition agroécologique.
Les compétences sont là aussi : celles de la profession agricole qui se conjuguent à celles de l’Agence de l’eau et de l’État. Toutes les conditions sont réunies pour y arriver. Le message c’est de s’engager résolument et de manière très volontariste pour relever les défis et faire émerger les réponses concrètes sur les territoires en associant toutes les parties prenantes.