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#110 - L'édito

N°110 - octobre 2021

ALAIN ROUSSET, PRÉSIDENT DU COMITÉ DE BASSIN ADOUR GARONNE, PRÉSIDENT DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE

Quelques semaines après la publication sur l’état des connaissances relatives à l’évolution du climat, ses causes et ses impacts par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le comité de bassin Adour-Garonne a adopté un plan de mesures pour sécuriser les usages de l’eau en anticipant le changement climatique.

Ce plan, adopté lors de la réunion du Comité de Bassin le 15 septembre 2021, prévoit notamment de limiter la baisse périodique du niveau des cours d’eau (étiage) par la mobilisation des retenues hydroélectriques, afin de sécuriser la ressource en eau sans fragiliser la production d’électricité. Ce plan fait écho aux études et expertises menées ces dernières années sur l’état des lieux et les évolutions à venir dans notre bassin.

Le plan d’adaptation au changement climatique (PACC) du bassin Adour-Garonne, adopté en 2018, soulignait déjà la nécessité d’accélérer les actions d’adaptation, de renforcer la gouvernance à l’échelle du bassin et de prévoir une mobilisation supplémentaire des retenues hydroélectriques.

La mission conjointe des deux ministères en charge de l’environnement et de l’agriculture (CGEDD et CGAAER), qui a donné lieu à un rapport publié le 15 septembre 2021 et présenté lors de la réunion du Comité de bassin le même jour, a souligné la situation critique des territoires pyrénéens – pour lesquels le déficit à l’horizon 2050 sera particulièrement important – et propose des pistes de réflexions.

La mobilisation accrue des retenues hydroélectriques nécessitera d’adapter le modèle économique du soutien d’étiage. Une expérimentation sera conduite sur 6 sites pilotes (Tarn, Aveyron, Neste, Garonne, Adour amont et Charente) en termes de gouvernance, tarification, identification d’investissements, pour pouvoir proposer un nouveau modèle à partir de 2022.

Face au changement climatique et à l’ampleur des défis à relever dans notre bassin, le Comité de bassin Adour-Garonne passe à l’action. La stratégie adoptée renforce le rôle des acteurs territoriaux, au premier rang desquels les collectivités locales et les établissements publics territoriaux de bassin (EPTB), qui constituent de véritables relais de l’Etat et du comité de bassin. Ils sont chargés d’établir une feuille de route pour passer en phase opérationnelle d’ici mars 2022. L’adaptation nécessaire doit être l’occasion de s’interroger sur le sens des débits objectifs d’étiage, c’est-à-dire les débits dont le respect permet de répondre à la fois aux objectifs environnementaux et à la satisfaction de l’ensemble des usages. C’est aussi l’occasion d’encourager les actions et projets en faveur d’une agriculture plus résiliente et à plus forte valeur ajoutée et le colloque du 18 novembre à Toulouse sera l’occasion de mobiliser les filières vers des démarches d’agro-écologie.

Face au changement climatique et avec l’appui des conseils scientifiques, les actions seront multiples et doivent être combinées : économiser l’eau sur les différents usages, élaborer des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) là où les déficits perdurent, étudier la possibilité de mobiliser des gisements (gravières, canaux, retenues inexploitées…), piloter la gestion de l’eau en mobilisant des outils innovants (suivi satellitaire), poursuivre la politique de restauration des zones humides, développer des pratiques de réutilisation des eaux usées traitées, faire évoluer les filières agricoles vers la transition agro-écologique… Un programme ambitieux, qui nécessite des actions concrètes et l’implication de tous les acteurs. L’objectif est aussi de préserver la qualité de l’eau et de la biodiversité. Il en va de l’avenir de notre bassin, de nos ressources en eau et donc de notre avenir à tous.